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De Gaulle... Combien de morts ?
10 août 2013

22. Le choc de la vraie guerre

     Le 3 août 1914, l'Allemagne déclare la guerre à la France.
     Dès le 1er août, Charles de Gaulle avait pu noter sa satisfaction dans son carnet personnel :

     "Comme les officiers sont quelqu'un maintenant en ville!" (page 79)

     Le 5 août, il est toujours dans le même état d'esprit :

     "Allons! Décidément c'est bien l'élan unanime, l'enthousiasme contenu que j'avais rêvé." (page 80)

     Il en ira de même jusqu'au 14 août. Et puis, tout à coup, les brèves notes quotidiennes s'interrompent. Elles reprennent de la façon suivante :

     "A partir de là je n'ai plus rien écrit au jour le jour.
     C'est le 8 septembre seulement, confortablement installé à l'hôpital militaire Des-genettes à Lyon, que je vais mettre de l'ordre dans mes souvenirs." (page 83)

     Que s'était-il passé ? Dès le premier jour de sa participation à la bataille (le 15 août), le lieutenant Charles de Gaulle a reçu une balle dans le genou... Il ne reviendra en première ligne qu'en décembre.

     Qu'a-t-il retenu de cette première expérience, extrêmement courte, mais tout de même cruciale pour lui qui est un officier de carrière particulièrement ambitieux ? Suivons-le dans son récit...

     "A six heures du matin, boum! boum! la danse commence, l'ennemi bombarde Dinant avec fureur. Ce sont les premiers coups que nous recevons de la campa-gne." (page 85)
     "Les hommes ont fait du café. Ils entendent les coups de canon et les obus qui éclatent. Ils ont commencé par être graves, puis la blague reprend le dessus et ne les quittera plus. Je plaisante avec eux." (page 85)
     "Les balles commencent à pleuvoir sur Dinant même. Les obus font rage, mais pas grand mal. Les hommes rigolent toujours." (page 85)
     "Voici que des blessés commencent à traverser Dinant. Ceux qui sont atteints légèrement paraissent enchantés." (page 85)

     Jusque-là, il semble bien s'agir d'un jeu. Evidemment, cela ne peut pas durer...

     "Les blessés sont de plus en plus nombreux qui en reviennent [de la citadelle]. Ils racontent que le capitaine Carton est tué ; son lieutenant en premier, Desaint, tué ; son lieutenant en second, Allard, blessé ; son adjudant Fasquelle, blessé ; or la 12ème [compagnie] ne vaut guère mieux. Le capitaine bataille est blessé, le lieutenant Thuilliez blessé et pris, dit-on ; l'adjudant Riche tué..." (page 86)

     Voici un passage à niveau :

     "La 1ère [compagnie] le franchit par section ventre à terre. « Bon sang! me dit Bosquet en voyant cette manoeuvre. Vous allez en voir tuer un à chaque groupe. » Cela ne manque pas. Le premier qui passe, un sergent, tombe tué raide. De Saxcé, qui commande la première section, la passe en avant, lui fait franchir le mauvais pas au galop, puis, très chic, retourne en arrière sur le passage à niveau, prend le cadavre par les pieds et le met tranquillement à l'écart." (page 86)
     "L'adjudant Vansteen de cette compagnie [1ère] passe à côté de moi :
     
« Eh bien, Vansteen, ça va ?
     - Oh! mon Lieutenant! Je n'irai pas loin!
     - Mais si! Mais si! En voilà des idées! Allons donc!
     - Mon Lieutenant, je n'irai pas loin. Mais j'irai tout de même.
 »
     C'est son tour de se déployer avec sa section au tournant de la rue. Je le suis pour le voir faire. Il arrive au tournant! Vlan! Il lève les bras, fait trois pas de mon côté pour dire :
« Vous voyez! je vous l'avais bien dit! » Et tombe raide mort." (page 86)
     "Oh! que Dieu me préserve de jamais plus être en réserve aussi près de la ligne de feu! C'est abominable! On a toutes les misères du combat sans pouvoir se battre. On reste immobile, les camarades se font démolir, on assiste au lamentable défilé des blessés!" (pages 86-87)

     Quelques instants plus tard, le lieutenant De Gaulle doit faire avancer sa compagnie... Que va-t-il bien pouvoir se passer ?... En attendant, faisons un rapide bilan de ce que cet officier de carrière qui chérit tellement la France a vu, ou a cru bon de voir et de retenir...

     Morts : un capitaine, un lieutenant, deux adjudants, un sergent.
     Blessés : un capitaine, deux lieutenants, un adjudant.
     Pour chacun d'eux, nous bénéficions en outre d'un nom de famille.

     Sans doute, aucun homme de troupe n'a eu l'honneur d'être ni blessé ni tué "en personne" ce jour-là... Ou bien, selon De Gaulle, le sacrifice des trouffions ne compte-t-il que pour faire masse dans la double catégorie : "blessés" et "cadavres", sans plus ?

     Michel J. Cuny

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De Gaulle... Combien de morts ?
  • En première approximation, un peu plus de deux millions, dont environ 315 000 Françaises et Français... De Gaulle : une légende qui aura coûté fort cher, et qui n'a pas fini de faire des dégâts. Michel J. Cuny
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